Commode demi-lune en vernis parisien et bronze doré d'époque Louis XVI, vers 1780, estampille de Charles Topino À décor de chinoiseries or sur fond vert, ouvrant à deux portes latérales...
Commode demi-lune en vernis parisien et bronze doré d'époque Louis XVI, vers 1780, estampille de Charles Topino
À décor de chinoiseries or sur fond vert, ouvrant à deux portes latérales et trois tiroirs, plateau de marbre brèche d'Alep, estampillée C. TOPINO et JME, marque CD
Le décor or sur vernis vert est rare, plus particulièrement sur du mobilier Louis XVI. Le thème de la chinoiserie y est ici traité dans un registre décoratif des années 1780, avec des scènes encadrées de guirlandes nouées. Ce thème exotique reste en vogue sous Louis XVI comme en témoignent le mobilier et les objets en laque du Japon qu'affectionnait Marie-Antoinette ou encore le mobilier marqueté de Roentgen. Jean Pillement (1728-1808) diffuse par son ouvrage « Œuvres de Fleurs, ornements, cartouches et figures et sujets chinois…etc. » de 1776 dans toutes les cours d'Europe.
De ce décor de vernis vert, on connaît surtout les œuvres de René Dubois comme la petite commode demi-lune conservée à Waddesdon Manor en Angleterre (Inv. WI/23/2). René Dubois affectionnait en revanche les scènes néoclassiques dont l'état de ses stocks de 1772 recense une vingtaine de pièces et permet de dater cette production. L'atelier des Frères Martin était encore actif à cette époque avec Jean-Alexandre, fils de Robert Martin. Il avait repris l'atelier paternel en 1767 et acquit celui de son cousin Etienne-François en 1772 décédé l'année précédente. Il bénéficiait sans aucun doute des relations de sa famille avec les marchands merciers et ébénistes parisiens dont Charles Topino était alors l'un des plus renommés. Cette production ne survécut malheureusement pas à la Révolution française et cette commode témoigne des derniers feux de cette inventivité.
Charles Topino s'installe rue du Faubourg Saint-Antoine et compte parmi sa clientèle des membres de l'aristocratie et des marchands-ébénistes dont Delorme et Tuart. Ses pièces étaient décrites comme étant "à l'antique", expression désignant le goût pour les idées néoclassiques à la fin du XVIIle siècle. Son livre journalier couvrant les années 1771 à 1779 a survécu et documente, par exemple, les noms des bronziers qui le fournissaient, parmi lesquels Jean-Baptiste Dubuisson, maître-fondeur en 1765, qui a livré les plus belles montures de cette période. On sait que les montures en bronze doré dont Topino embellissait ses meubles étaient fondues par Viret, ciselées par Chamboin et Dubuisson et dorées par Bécard, Gérard et Vallet.
Charles Topino produisit plusieurs commodes demi-lunes de ce type, la plupart ornées de marqueterie et plusieurs meubles ornés de vernis. Parmi ces derniers connus citons pour exemple :
⁃ une commode provenant de la collection du prince Radziwill, vente du château d'Ermenonville, étude Ader, le 8 mars 1933
⁃ un secrétaire vendu par Christie's Londres, collection Rechnitzer, le 19 mai 1955, illustré dans Connaissances des Arts n°41, 15 juillet 1955
⁃ un secrétaire à décor de vernis européen noir et or dans le goût de la Chine, vente à Paris, hôtel Drouot, étude Cornette de Saint-Cyr, le 31 janvier 1994
⁃ Un secrétaire à décor de laque Coromandel, collection princesse A. de Broglie, illustré dans P.
Verlet, les ébénistes du XVIllème siècle français, Connaissance des arts, Hachette, Paris, 1963, p. 268.
Littérature
Référence bibliographique :
Forray-Carlier et M. Kopplin, Les Secrets de la Laque française : Le Vernis Martin, Paris, 2014.